Expertise et démocratie. Faire avec la défiance

On pourrait croire qu’il s’agit d’une réaction aux « gilets jaunes ». Il n’en est rien.

Une réponse au slogan du Ministre Blanquer avec son « École de la confiance » ? Pas du tout !

Ce titre, en résonance avec l’actualité, est en fait celui d’un rapport que France Stratégie, après plusieurs mois d’étude (depuis mai 2017), vient de rendre public le 14 décembre et consacré à la défiance face aux experts.

Ce travail s’inscrit dans un contexte de méfiance voire de défiance des Français face aux politiques, aux médias et plus généralement aux institutions (comme le montre le baromètre de la confiance politique du CIVIPOF http://www.sciencespo.fr/cevipof/fr/content/le-barometre-de-la-confiance-politique ). Celles et ceux qui apparaissent comme des « spécialistes » et son à ce titre sollicité pour leur « expertise » n’échappent pas à cette défiance, accusé.e.s de porter une parole « officielle » éloignée de la réalité, de ne pas être indépendant.e.s des pouvoirs (politiques, économiques, industriels…), d’être toujours les mêmes à être sollicité.e.s (par les décideurs, par les médias…)

A défaut d’éléments qui expliquent cette absence de confiance, le rapport avance plusieurs pistes d’analyse.

Bien entendu, il y a eu les « affaires ou scandales » décrédibilisant la parole d’expert.e.s.

Évidemment, il y l’absence d’efficacité des politiques publiques à résorber la (les) crise(s).

Surtout, il y a l’accès généralisé et non hiérarchisé à l’information via le numérique et les réseaux sociaux qui met sur le même plan les données scientifiques et les « fake news », permettant de tout lire, voir entendre… et son contraire.

Paradoxalement, il y aussi l’élévation du niveau d’Éducation qui conduit un plus grand nombre à s’intéresser à des sujets jugés jusqu’alors trop complexes et à faire davantage preuve d’esprit critique, ne prenant plus pour argent comptant l’affirmation de la première expertise proposée.

Que faire alors ?

« Faire avec la défiance, plutôt que de chercher à recréer la confiance », conclut le rapport qui précise « Faire avec, ce n’est pas s’y résigner ; c’est au contraire prendre appui sur certaines manifestations de défiance et les incorporer à la fabrique de l’expertise pour la rendre plus pertinente, plus robuste et plus convaincante. »

Comment ?

En ayant l’expertise modeste, tant pour celui qui est consulté comme expert, que pour celui qui fait usage de l’expertise.

Mais aussi en répondant mieux aux attentes des citoyens en les associant (par des jurys ou des comités citoyens) aux définitions et évaluations des politiques publiques et en mettant en œuvre la prise en compte de l’expertise d’usage.

Des réflexions qui seront certainement débattues dans la consultation en région annoncée par le président de la République suite au « mouvement des gilets jaunes ».

Des pistes dont il serait bien aussi que le ministre de l’Éducation nationale s’empare, alors que le baromètre Flash de l’UNSA Éducation montre que la précipitation dans les réformes et l’incompréhension globale ne reflète pas la confiance et confirme que « pour les personnels le slogan de l’école de la confiance n’était pas partagé par les personnels » comme l’analyse Frédéric Marchand.

 

Retrouver ici :

– le dossier complet de France stratégie https://www.strategie.gouv.fr/publications/expertise-democratie-faire-defiance

– les résultats du Baromètre Flash de l’UNSA Éducation : http://www.unsa-education.com/spip.php?article3702

 

 

 

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