Covid et inégalités scolaires : les priorités du nouveau ministre de l’Éducation des États-Unis

Pour trop d’élèves, votre lieu de résidence et votre couleur de peau demeurent la meilleure manière de prédire les opportunités dont vous bénéficierez pendant toute votre vie.

Cette déclaration ne vient pas d’un analyste du système éducatif français mais du futur ministre de l’Éducation américain choisi par Joe Biden, Miguel Cardona.

«En ce moment crucial de l’histoire de notre nation, il est essentiel d’avoir un enseignant comme ministre de l’Éducation», a déclaré le futur président dont l’épouse, Jill Biden, est elle-même membre du corps enseignant et titulaire d’un doctorat en sciences de l’éducation.

Ce sont en effet au moins deux chantiers urgents et importants qui attendent Miguel Cardona, ce fils de parents originaires du territoire américain de Porto Rico, ancien instituteur dans le public devenu ministre de l’Éducation de l’État du Connecticut.

Tout d’abord «rouvrir les écoles en toute sécurité sera une priorité nationale», selon les mots de Joe Biden qui a promis de présenter au Congrès un plan de financement «pour atteindre l’objectif ambitieux mais réaliste de rouvrir en toute sécurité la majorité des écoles avant la fin des 100 premiers jours» de son mandat.

Ensuite, Miguel Cardona, défenseur de l’école publique -à l’opposé de la milliardaire très controversée Betsy DeVos, ministre de l’Éducation de Donald Trump, fervente militante de l’école privée- souhaite refaire de l’éducation, l’«ascenseur social» qu’elle n’aurait jamais du cesser d’être.

Les inégalités sociales et économique de la société américaine, dans laquelle 20 % de la population la plus aisée contrôle plus de 80 % de la richesse totale du pays, se reflète directement dans l’accès inégal à l’éducation dès l’école primaire. Ainsi, selon l’ONG Humanium « en comparaison avec tous les pays membres de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), un enfant américain, issu d’une famille à faible revenu, a moins de chance d’accéder à une éducation supérieure universitaire de qualité, qu’un enfant issu d’un milieu modeste dans un pays européen par exemple ».Cela conduit à ce que seulement 10 % des élèves étudiant dans les 146 meilleurs universités des États Unis, soient issus de la classe moyenne inférieure.

Ce déséquilibre s’explique en grande partie par le système de financement des établissements scolaires car « si chaque État fédéral finance ses écoles publiques d’une manière équivalente, chaque établissement peut compléter ce financement par des levées de fonds locales. Par conséquent, les écoles qui se trouvent dans des zones riches ont une possibilité de recevoir beaucoup plus de financement privé que les écoles situées dans des régions et quartiers pauvres ». Un financement plus important permet des professeurs mieux qualifiés, des salles bien équipées, un programme scolaire varié. Malgré les effort des États fédéraux pour réduire ces écarts dans le financement – Les États-Unis sont l’un des pays avec le plus grand taux d’investissement dans l’éducation. Il représente 28 % du budget mondial total de l’éducation en 2020- et bien que 90 % des élèves américains soient scolarisés dans le public, le financement privé des écoles publiques demeure une source de profond déséquilibre et d’inégalités.

Parmi les autres dossiers importants qui attendent Miguel Cardona, se trouvent le développement de l’école maternelle ainsi que la promesse de Joe Biden de rendre les études supérieures plus abordables et d’effacer partiellement la colossale dette contractée par les étudiants américains pour financer leurs études à l’université. En effet, jusqu’à présent les études universitaires sont identifiées comme étant principalement destinées aux élèves financièrement favorisés. De très nombreux ont recours à des prêts étudiants pour y accéder, ce qui engendre une pression terrible sur les apprenants : réussir son cursus puis rembourser sa dette. Ce qui peut intervenir, pour des personnes de la classe moyenne à 40 ou 50 ans.

«Enseignant d’école publique dévoué et expérimenté » (selon Joe Biden), « fonctionnaire expérimentée, qui comprend ce dont nos élèves, nos enseignants et nos écoles ont besoin pour réussir»(d’après la vice-présidente élue Kamala Harris), à 45 ans, Miguel Cardona est attendu pour réduire ces écarts et ouvrir la voie des réformes du système éducatif des États Unis indispensables pour offrir des meilleures possibilités d’accéder à une éducation égale pour tous les élèves.

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