L’évaluation : la pire ou la meilleure aide au service des apprentissages ?

« L’évaluation appartient à un système complexe enseigner-apprendre-évaluer.
La variété des situations évaluatives doit être exploitée pour soutenir l’apprentissage.
L’évaluation doit être perçue par les élèves comme un outil au service de leur apprentissage.
La moyenne est un indicateur synthétique lisible, mais inadapté à un soutien à l’apprentissage. »

Ces quatre « principes généraux pour une évaluation au service des apprentissages » sont mis en exergue par le CNESCO dans son rapport sur l’évaluation avant de lister toute une série préconisations.

Dans leur introduction, Agnès Florin et André tricot rappellent que « les élèves qui sont évalués pendant l’apprentissage sont plus performants et progressent plus que les élèves qui ne sont évalués qu’en fin d’apprentissage ». L’évaluation en cours d’acquisition est effectivement positive, quand elle fait partie intégrante de la démarche d’apprentissage, c’est-à-dire lorsqu’elle est pensée en amont, Intégrée dès la conception et présentée dès le début d’une séquence et qu’un rôle dans l’acte d’évaluer est confié aux élèves. Elle participe alors à la dimension formative des apprentissages.

Mais en France, plus qu’ailleurs, l’évaluation est normative voire sélective. Les effets d’une évaluation vécue comme une sanction peuvent être délétères sur des élèves notés et classés, souvent, dès l’école primaire : « découragement, détérioration de la performance, baisse de l’estime de soi et de la motivation ».

Si l’évaluation est un vecteur de stress et d’angoisse pour les élèves, elle « fait aussi peser de lourdes attentes sur les enseignant.e.s quant à la réussite scolaire des élèves, notamment lors de la communication des résultats aux parents ».

Construire une démarche d’évaluation favorable aux apprentissages relève donc pour le CNESCO du « développement d’une culture commune de l’évaluation ». Celle-ci concerne autant la pratique évaluative en classe que la simplification et l’homogénéisation des documents nationaux de cadrage produit par le ministère de l’Éducation nationale, en passant par les liens avec la formation et une harmonisation des pratiques locales par l’inscription de l’évaluation dans le projet d’école ou d’établissement.

Si l’enquête conduite par le CNESCO met en évidence la demande des parents d’outils de suivi des résultats scolaires de leurs enfants, elle montre également des enseignant.e.s français.es davantage qu’ailleurs livrés à eux-mêmes : une autonomie, certes, mais qui génèrent de l’anxiété. Ainsi 96 % d’enseignant.e.s français.es au collège déclarent gérer eux-mêmes « fréquemment » ou « toujours » leur processus d’évaluation, alors que la moyenne OCDE est de 77 %). Mais 55 % se déclarent stressés « par le fait d’être tenus responsables de la réussite de leurs élèves », ce qui n’est le cas que de 44 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Aussi pour la moitié des enseignant.e.s de collège « répondre aux inquiétudes des parents d’élèves » est une source de stress ; ce ne l’est que pour 1 enseignant.e sur 3 environ dans les pays de l’OCDE, selon l’étude Talis 2018.

Quand 53% des enseignant.e.s de l’OCDE se disent « bien préparés » ou « très bien préparés » pour évaluer le développement et l’apprentissage de leurs élèves, les enseignant.e.s français.es au collège ne sont que 26% à se sentir « suffisamment préparés à la mise en œuvre de pratiques évaluatives ». Et si seulement 15% d’entre eux indiquent des besoins importants de formation continue sur les pratiques évaluatives des élèves, ce chiffre place tout de même « la France parmi les pays où ce besoin est le plus exprimé (Talis 2018) ».

Ainsi, à la démultiplication ces dernières années d’action d’évaluation sommatives et normatives, le rapport du CNESCO invite à mieux penser l’évaluation comme un outil pédagogique au service des apprentissages auquel enseignant.e.s et personnels éducatifs doivent être formés.

Un changement de pratique et de culture…

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Pour aller plus loin :

Florin, A., Tricot, A., Chesné J.-F., Piedfer-Quêney, L., Simonin-Kunerth, M., (2023). Dossier de synthèse : L’évaluation en classe, au service de l’apprentissage des élèves. Cnesco-Cnam.https://www.cnesco.fr/wp-content/uploads/2023/03/Cnesco-CC-Eval_Dossier-de-synthese.pdf