Selon le Ministre de l’Éducation nationale, les élèves – et particulièrement ceux issus des familles défavorisées – ont « une perte de savoirs scolaires » durant les l’été. « En septembre, affirme Pap Ndiaye, ils ne reprennent pas les cours avec leur niveau du 30 juin mais avec celui du 31 mai. Ils ont perdu un mois ».
Ce constat ministériel qui justifie la mise en place de dispositifs de renforcement scolaire sous l’appellation de « vacances apprenantes », s’appuie sur une note d’information de la DEPP (n° 23.17 – Avril 2023). Que dit-elle ?
Tout d’abord, elle concerne les résultats des élèves de CP jusqu’à leur entrée en CE1 dans les deux domaines ciblés que sont le français et les mathématiques.
Le premier constat est celui d’une réduction des écarts des performances entre les élèves scolarisés en REP et REP+ et ceux scolarisés hors éducation prioritaire, au cours de l’année scolaire de CP.


Les deux tableaux ci-dessus montre effectivement les réductions d’écart. Les résultats de septembre affichent des différences allant de 5,7 à 19,6 points en mathématiques et de 5,1 à 14,8 points en français entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres. En juin ces écarts sont ramenés de 2,7 à 12,5 points en mathématiques et de 4,6 à 7,5 en français, exception faite de la compréhension des phrases lues par l’enseignant qui régresse de 14,8 à 15,9 points entre septembre et juin.
Ainsi donc les évaluations tendent à montrer une réduction des inégalités de résultats au cours de l’année scolaire du CP pratiquement dans toutes les activités évaluées en mathématiques et en français.
L’étude de la DEPP prolonge son analyse par les résultats obtenus en septembre de l’année suivante, en début de CE1 après les vacances d’été. Elle constate que « les écarts de performances augmentent ». Ainsi, au retour de deux mois de congés scolaires, en mathématiques, et à l’exception de résolutions de problème, « le niveau stagne ou baisse dans tous les domaines » pour tous les élèves mais « les écarts de performances entre les élèves selon leur secteur de scolarisation augmentent dans tous les domaines au détriment des ceux scolarisés en éducation prioritaire, notamment en REP+ ».
En revanche, pendant ces mêmes vacances d’été le niveau en français augmente pour tous les enfants, sauf en écriture. Or, « dans ce domaine, tout comme en lecture à voix haute, les écarts de performances entre les élèves selon leur secteur de scolarisation augmentent ».
L’étude conclue donc « que l’éloignement de l’école pendant les vacances d’été augmente les inégalités de compétences en lecture et en écriture » ainsi qu’en mathématiques, notamment en défaveur des élèves accueillis en REP+. Alors qu’à l’inverse, l’apprentissage dans un contexte scolaire permet de les stabiliser voir de les réduire.
Peut-on, à partir de ces données, en déduire qu’il faudrait, durant les « grandes vacances« , faire faire des mathématiques et du français aux enfants et particulièrement à celles et ceux scolarisé.e.s en REP ou REP+ ?
La question des inégalités sociales et scolaires trouverait-elle sa réponse en ajoutant du temps scolaire à l’école pour celles et ceux qui, familialement, sont éloigné.e.s de la culture de l’école ?
Le raccourci serait d’autant plus rapide que si le travail scolaire permet de réduire les écarts de résultats en CP qu’en est-il dans les classes et niveaux suivants ? Les différences n’augmentent-elles pas y compris au fil des années scolaires ?
S’il est intéressant de permettre au plus grand nombre d’enfant de partir en vacances et évident d’affirmer qu’en centre de vacances, il existe une plus-value éducative, il s’agit avant tout de développer des aptitudes à l’épanouissement et au vivre avec les autres. Plutôt que de reporter hors l’école (de ses murs et/ou de son temps d’enseignement) les difficultés d’apprentissage, il serait certainement plus pertinent de repenser les contenus scolaires et de fournir aux enseignants la formation adaptée à la construction de démarches pédagogiques permettant davantage la réussite de toutes et tous.
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Pour retrouver la note d’information de la DEPP : https://www.education.gouv.fr/alors-que-l-annee-de-cp-permet-de-reduire-les-ecarts-de-performances-entre-secteurs-de-scolarisation-377876
Et pour en savoir davantage sur les « vacances apprenantes » : https://www.education.gouv.fr/ete-2023-les-vacances-apprenantes-303834
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