À la suite des annonces de réforme de l’enseignement professionnel par le président Macron, l’historien et chercheur associé au CREN (Centre de Recherche en Éducation de Nantes) Vincent Troger, réagit dans le Café pédagogique : « Partenariats renouvelés avec les entreprises pour l’insertion des jeunes, taux d’insertion de chaque formation rendu public, suppression des filières peu insérantes … Toutes ces annonces n’ont rien de nouveau. Depuis 40 ans, on recycle les mêmes idées. Mêmes l’indemnité de stage est une idée qui remonte à Claude Allègre… ».
Il faut reconnaître que l’enseignement professionnel en France est assez mal connu et encore relativement peu étudié. Son histoire remonte au XIXe siècle, dans un développement d’initiatives privées qui tentent de répondre aux besoins de formation des ouvriers par une société industrielle en plein essor. Il faudra attendre après la seconde guerre mondiale pour que ces structures soient intégrées dans le service public d’éducation avec un statut pour les centres d’apprentissage créé en 1949 qui deviendront des Collèges d’enseignement technique (CET) en 1960. L’année suivante sont également créés les CFA qui remplacent progressivement les anciens cours professionnels obligatoires créés par la loi Astier. Dès 1969, des classes préparatoires au certificat d’éducation professionnelle (CEP) sont développées et permettent, à partir de 1970, le passage du CEP qui sanctionne la formation professionnelle de base (ouvriers et employés spécialisés) et peut être assurée par l’école ou l’apprentissage.
En 1976, en devenant des lycées d’enseignement professionnel (LEP), les CET accèdent à la même appellation -et donc supposément à la même notoriété- que les lycées techniques ou les lycées classiques. Ils sont chargés de l’enseignement conduisant aux BEP et CAP. Le baccalauréat professionnel est créé en 1985 afin de permettre à 80 % de jeunes d’accéder au niveau du baccalauréat et de répondre aux difficultés d’insertion professionnelle des jeunes. Le diplôme alterne un enseignement scolaire et des périodes de formation en entreprises, prises en compte pour les examens. La création de ce diplôme s’accompagne de la transformation des LEP en Lycée professionnel (LP). Cette même année et en conséquence de ses innovations, un statut particulier est donné aux professeurs de lycée professionnel qui deviennent des PLP2 et sont alignés du point de vue indiciaire sur les professeurs certifiés. Ce n’est pourtant qu’en 2000 que ces professeurs obtiendront de faire le même nombre d’heures d’enseignement (18 heures) que leurs autres collègues du second degré.
En 2009, une nouvelle réforme vient modifier l’organisation de l’enseignement professionnel, réduisant la formation pour obtenir le baccalauréat professionnel de 4 à 3 ans avec la suppression du passage par un BEP. A partir de 2018 est amorcée une transformation de la voie professionnelle avec des modifications importantes dans les programmes du lycée professionnel à qui il est fixé le « cap ambitieux » d’engager « les élèves dans des parcours d’excellence, véritables tremplins vers une insertion professionnelle immédiate ou une poursuite d’études réussie ». Le but, comme l’affirme le site Eduscol, est de valoriser « l’enseignement professionnel auprès des acteurs économiques, par la recherche d’une meilleure adéquation entre formation et compétences métiers attendues ». Rien de nouveau donc dans les annonces gouvernementales actuelles qui ne soit déjà présent dans les textes de 2018, selon Vincent Troger, pour qui il faudrait « prendre du recul, se dire que le problème est beaucoup plus large que cela » et « se rendre compte que les jeunes ne font jamais ce qu’ils avaient prévu de faire lorsqu’ils étaient à l’école, que parfois ils entrent dans une formation par défaut… Des jeunes qui cherchent en plus à mettre du sen
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