« Nous sommes des travailleurs/euses de la sagesse » : les vœux de l’IE

En guise de « message de fin d’année adressé à l’ensemble des organisations membres, du personnel et des partenaires de l’IE », David Edwards secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation (IE) livre un extrait d’un texte écrit ces derniers mois et qui résume bien sa pensée en ce moment, alors que « nous avons indéniablement du pain sur la planche et des vents froids soufflent… » mais qui rappelle « qu’en restant uni(e)s, nous sommes plus fort(e)s. »

« Si nous examinons l’état actuel du monde, nous devons faire face à un creusement des inégalités au niveau global, à une crise climatique provoquée par l’Homme, à la résurgence d’un populisme autoritaire et d’une hostilité aux migrant(e)s, à des migrations massives, à l’automatisation et la numérisation, à la déformation des faits et à des attaques contre la presse libre, sans oublier des populations de plus en plus segmentées, isolées et ciblées par un flux incessant de messages destinés à influencer leur consommation et leur comportement et émanant d’acteurs transnationaux de plus en plus irresponsables.

Dire que le monde est complexe est un euphémisme. Dire que la démocratie et les sociétés ouvertes respectueuses des droits humains sont menacées est un euphémisme. Si seulement…

Si seulement il existait une profession capable d’aider les étudiant(e)s et les sociétés à donner du sens à cette complexité.

Si seulement il existait une profession qui combine les connaissances que nous avons accumulées dans toutes les disciplines au cours des siècles et les valeurs éthiques nécessaires à l’utilisation de ces connaissances.

Si seulement il existait une profession déterminée à comprendre et à soutenir en profondeur le développement, le bien-être et l’apprentissage de l’Homme. Une profession qui est profondément curieuse et ayant la recherche et la résolution collaborative de problèmes ancrées dans son ADN.

Si seulement il existait une profession capable de combiner les modes de connaissances et les pratiques culturelles locales avec la compréhension et la prise de conscience globales des droits universels. Ouverture d’esprit et sources d’information ouvertes.

Si seulement il existait une profession enracinée dans chaque communauté du monde. Imaginez le pouvoir qu’elle aurait si ses praticien(ne)s étaient aussi des membres actifs/ives, fiables et influent(e)s de ces communautés.

Cette profession pourrait être en mesure de jeter des ponts entre le possible et le souhaitable et mener des débats éclairés basés sur des faits et des informations. Bien sûr, l’émergence d’une telle profession sur la scène actuelle attirerait immédiatement les foudres de ceux et celles qui tirent profit des inégalités, d’une consommation débridée, de l’insécurité, de la peur, de l’ignorance, de la méfiance et pour tout dire, d’un système globalement truqué.

Cette profession devrait disposer de ses propres structures démocratiques et de son indépendance politique et financière pour asseoir son influence et faire valoir ses droits et ses valeurs alors qu’elle éclaire de ses feux la pénombre envahissante et défend les personnes vulnérables.

Cette profession devrait d’abord et avant tout compter sur la solidarité, car elle ne serait jamais en mesure d’acheter l’influence et les outils qui seraient mobilisés contre elle.

Cette profession aurait besoin d’un syndicat déterminé à défendre son autonomie et ses droits dans la pratique et en justice.

Si seulement il existait une profession organisée aux niveaux local, national et international pour s’en inspirer et se responsabiliser. Cette profession organisée, respectée et fondée sur des principes pourrait être en mesure de tracer une voie différente, de construire une architecture différente et peut-être même d’élever la justice et la dignité au rang de priorités.

Chers et chères collègues, l’époque des hommes et femmes forts, des conseillers/ères techniques, des entrepreneurs/euses de la privatisation, des alarmistes, des nativistes, des fondamentalistes du marché, des démagogues, des narcissiques et des gestionnaires doit être reléguée dans le passé. Nous sommes ceux et celles que nous attendions. Nous avons développé les connaissances de notre profession, avec la force de notre mouvement syndical et la croyance dans nos idéaux de justice sociale.

Nous sommes bien plus que des travailleurs/euses de la connaissance, nous sommes des travailleurs/euses de la sagesse. Nous parlons toutes les langues. Nous sommes témoins de toutes les atrocités et de toutes les réalisations. Nous défendons la vérité. Ensemble, nous cherchons un accord meilleur et plus juste pour nos sociétés, nos écoles et nos étudiant(e)s.

La bannière sous laquelle nous nous rassemblons tient en un mot, qui englobe tout à la fois notre histoire et nos aspirations :

NOUS. »

Les vœux 2019 de David Edwards

secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation (IE)

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