Mieux prendre en compte les enfants allophones

L’accueil massif d’enfants ukrainiens dans les écoles et établissements scolaires en France (au 15 novembre 2022, 20 075 élèves ukrainiens avaient été accueillis dans les écoles, collèges, lycées français) soulève la question de la prise en charge des élèves allophones. La Cour des comptes s’est penchée sur le sujet. Elle pointe dans un rapport de mars 2023 les inégalités de traitement entre les enfants, selon leurs parcours, entre les territoires également.

Rappelant l’obligation d’instruction pour les jeunes de trois à 16 ans, et une obligation de formation de 16 à 18 ans pour les jeunes qui ne sont pas en emploi, la Cour rappelle que « l’instruction obligatoire concerne, quel que soit leur statut, tous les nouveaux arrivants, y compris ceux dont la langue maternelle n’est pas le français ». Aussi, « pour donner aux élèves allophones les mêmes chances de réussite qu’aux autres, il est nécessaire de prévoir des dispositifs spécifiques de soutien, en particulier linguistique, en tout cas dans une phase initiale ».

SI l’inclusion dans les classes ordinaires doit constituer la modalité principale de la scolarisation et le but à atteindre, elle doit être renforcée par des dispositifs d’accompagnement complémentaires telles que les UP2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants). Le nombre de ces unités augmentent dans le second degré en raison de leur déploiement dans les lycées, en revanche les chiffres montrent la difficulté de les mettre en place en primaire dans les territoires ruraux à habitat dispersé.

Le nombre d’enfants allophones nouvellement arrivés (EANA) non scolarisés demeure important en particulier dans le secondaire : ainsi, six mois après leur arrivée, 9,3 % de ceux relevant du collège et 17,3 % de ceux qui devraient aller au lycée ne sont pas encore scolarisés.

La répartition des enfants allophones est assez équilibré entre les académies. Pour autant, leur nombre est plus important et leur présence « particulièrement sensible outre-mer en Guyane et à Mayotte, compte tenu de la démographie et des flux migratoires dans ces régions, dans un contexte d’existence de plusieurs langues maternelles autres que le français ».

Par ailleurs, la Cour note que seulement 8 % des enseignants français se sentent « bien préparés » ou « très bien préparés » pour enseigner en milieu multiculturel ou plurilingue, alors que la moyenne dans l’ensemble de l’OCDE se situe à 26 %. La formation continue en particulier est « marginale » dans ce domaine, surtout dans le premier degré. De plus, « de nombreux enseignants en UPE2A ne disposent pas d’une certification français langue seconde (FLS) ».

Les constats de la Cour des comptes correspondent à ce que nous avons déjà pu montrer dans le cadre de la recherche « Educinclu »menée par l’INSHEA/Grhapeset commanditée par le Centre Henri Aigueperse dans le cadre de l’agence objectifs de l’IRES

(https://centrehenriaigueperse.wordpress.com/2019/12/23/mieux-accueillir-et-accompagner-les-enfants-allophones/).

De même, les recommandations de la Cour vont dans le sens d’un renforcement d’une meilleure prise en compte des enfants allophones dans le milieu scolaire. Pour autant, elles ne sont pas suffisantes, puisqu’elles n’incluent pas les aspects pédagogiques et ne valorisent aucunement l’apport dont ces enfants peuvent être porteurs dans les classes, les écoles et établissements et plus globalement pour leur environnement et notre société.

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Pour lire le rapport de la Cour des comptes : https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-scolarisation-des-eleves-allophones

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